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* Voir remarque concernant la licence de la photo de couverture au bas de cette page

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Entretien avec Ed Nouce

2 novembre 2018

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— Ed Nouce, votre nouveau roman, « Le Fleuve du Dragon noir », va paraître très bientôt [paru le 4 décembre 2018]. C'est déjà le cinquième opus de votre suite romanesque. Il se passe en grande partie en Russie. Pourquoi ce choix de la Russie ?

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— En Russie, oui, et au temps de l'Union soviétique, puisqu’il se déroule en 1975. – Pourquoi la Russie ? D'abord à cause de Bykov, ou grâce à lui. Bykov est le lieutenant-colonel russe qui apparaît dans la dernière partie de « L’Affaire 88 », mon roman précédent. Il y tenait un second rôle, non dénué d’importance, mais tout de même secondaire. C’est un personnage que j'aimais et qui m'intéressait. J'ai voulu creuser et lui donner un rôle primordial dans ce roman-ci.

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— « Le Fleuve du Dragon noir » est clairement la suite de « L’Affaire 88 », pour ceux qui l'ont lu. Mais on peut tout à fait lire et apprécier ce nouveau récit même si l'on n'a pas lu « 88 », ni aucun des autres romans de votre saga.

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— Oui, vous avez raison. – Pour compléter ma réponse à votre question « pourquoi en Russie ? », je pourrais ajouter, comme le ferait sûrement Bykov, parce que c'est… le plus grand pays du monde ! Nous autres Occidentaux, nous oublions souvent ce fait, très simple, trop peut-être, qui pourtant est essentiel si l'on veut comprendre la mentalité russe, celle de 1975 comme celle d'aujourd’hui d'ailleurs. Même si la Russie de 2018 n'est plus aussi gigantesque que ne l'était l'empire soviétique de « mon » général Bykov (eh oui, il est monté en grade !), c'est encore et toujours le plus grand pays du monde et chaque Russe en est conscient et fier.

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— Votre roman se déroule au temps de la Guerre froide. On pourrait dire que nous sommes revenus à une nouvelle Guerre froide, ou presque, avec la Russie de Poutine…  D'ailleurs, ce GRU – c’est-à-dire les services de renseignements militaires russes – dont il est beaucoup question dans votre roman, non seulement il existe toujours, mais il vient d'être projeté sur le devant de la scène de l'actualité, avec l'affaire Skripal et celle du piratage de l'OIAC !

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— Oui, je ne pouvais pas l’anticiper au moment où j’écrivais, c’était avant les affaires auxquelles vous faites allusion, et où ce sont plutôt des boulettes du GRU qui sont mises en exergue alors qu’il est généralement très efficace, ne nous faisons pas d’illusions !  – Mais vous avez raison, le GRU n'a sans doute jamais été aussi connu ! - 1975, sous Brejnev en URSS et Gerald Ford aux États-Unis, c'est en réalité l'époque d'une relative détente Est‑Ouest, et ça se situe entre les accords SALT I et SALT 2 sur la limitation des arsenaux nucléaires américains et soviétiques. À nouveau, nous rejoignons l'actualité la plus brûlante, puisque Trump veut précisément remettre en question aujourd’hui les vieux accords passés avec la Russie ou l'URSS…

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— Votre « Fleuve », comment le classeriez-vous ? Est-ce un roman d'espionnage, un roman historique, un roman d'amour, un roman psychologique ?

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— Je dirais, si vous me pardonnez cette réponse facile, que c'est d'abord un roman, donc une fiction. Il y a un cadre historique qui n'est pas anodin, c'est sûr, mais ce n'est certainement pas à proprement parler un roman historique. Si on devait être obligé de le classer plus précisément, la rubrique « espionnage » conviendrait sans doute mieux.

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— Pour les anciens et fidèles lecteurs de votre saga de la famille Kuhn, dont je suis, je crois que l'on peut annoncer, sans dévoiler l'intrigue, que vous avez mis un coup de projecteur sur Téri, la jeune génie des mathématiques.

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— En effet, c'est elle qui se rend à Moscou, au sein d'une délégation de mathématiciens de Cambridge invitée par l'Université d’État Lomonossov, et qui sera le centre de gravité du roman, au moins du côté non russe... J'ajoute que son père, Manfred Kuhn, jouera lui aussi un rôle très important dans le roman, même s’il n’y est pas omniprésent. On retrouve aussi Markus et surtout Wilhelm, ainsi qu'Horace Smoke-Finch, mais dans des seconds rôles, si j’ose dire.

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— Revenons au général Bykov. C'est un personnage comme vous les aimez, d'une grande richesse psychologique, mais ambigu, non ?

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— Merci pour « la grande richesse psychologique », ha, ha !… Ambigu ? Je ne dirais pas « ambigu », je dirais plutôt « complexe ». Manfred Kuhn est, lui, à mon avis, un personnage très ambigu et qui possède une part d'ombre importante. Le général Bykov est complexe, me semble-t-il, mais plus lumineux, et pas ambigu. C'est avant tout un patriote, au sens noble, je crois. Cela n'exclut pas qu'il soit ambitieux, parfois un peu vaniteux et outrecuidant, bien sûr. Par exemple, il trompe allègrement sa femme, mais il se considère en toute innocence comme un excellent mari et juge sincèrement que sa femme a beaucoup de chance. Il pense la même chose au sujet de ses conquêtes : il est persuadé, en toute bonne foi, que ses maîtresses ne peuvent que garder un excellent souvenir de lui.

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— Sans dévoiler l'intrigue, votre roman est aussi un roman d'amour, non ?

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— L'Amour (avec un grand A) lui a en tout cas donné son titre, puisque le fleuve du dragon noir, c'est le nom chinois du fleuve Amour ! Mais c'est juste un jeu de mots un peu facile sur l'homonymie entre le nom russe de ce fleuve « Amour », et le mot français « amour ».

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— N'est-ce vraiment qu’un jeu de mots, Ed Nouce ? Il y est aussi question de passion, de sacrifice, d'admiration, d'amitié, de gratitude…

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— Sans doute… Le mot a tant de sens, du plus faible au plus fort, et le roman est l'occasion d'en illustrer quelques-uns.

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— Parlons de votre personnage de Téri Kuhn. Depuis son enfance dans votre second roman, « Le Chêne rose », elle apparaît exceptionnellement douée pour les mathématiques, et nous la retrouvons ici en pleine lumière, devenue un véritable génie des maths. Pourquoi les mathématiques ? Auriez-vous vous aussi une attirance pour elles ?

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— Je n'étais pas le moins du monde attirée par les maths, ni au collège, ni au lycée, en tout cas, et loin de là ! C'est à l’université que je les ai vraiment découvertes et qu'elles ont commencé à exercer une certaine fascination sur moi, grâce au professeur Jean Ladrière, qui était philosophe, mais aussi mathématicien. Il me semble que dans une autre vie, j'aurais pu être mathématicienne, oui. Mais, plus sérieusement, je trouvais intéressant de créer un personnage féminin qui soit hyperdoué dans une branche traditionnellement encore largement « masculine », même de nos jours.

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— C’est une figure très attachante, que votre Téri. En dehors des maths, elle est un peu gauche, et malgré sa grande rationalité, elle est capable de se laisser emporter par la passion.

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— Les deux ne se contredisent pas… Prenez Émilie du Châtelet, hélas souvent mieux connue en tant qu'amie de Voltaire que comme la grande mathématicienne et physicienne qu'elle fut. Émilie était en même temps une femme de passions, y compris amoureuses. Mais la comparaison avec Téri s'arrête là, car la fille de Manfred n'est pas jolie, ni coquette, ni mondaine, au contraire d’Émilie.

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— Revenons à la Russie, ou à l'URSS. Personnellement, j'ai trouvé original le point de vue que vous avez choisi sur le plus grand pays du monde. Il me paraît moins négatif et moins caricatural que ceux qu'on a l'habitude de lire. Et il y a de très belles pages lyriques sur la Sibérie orientale, ou plus précisément sur l'Extrême-Orient russe.

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— J'espère que le roman n'est pas trop complaisant vis-à-vis de la Russie. C'est un peu le risque, vu que j'ai souvent adopté le point de vue de mes personnages russes, jusqu'à faire voir leur pays avec leurs yeux si patriotes. Certes, Téri reste lucide, malgré sa passion pour son bel Alex, et j'espère que cela remet certains points sur certains i.

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— Revenons au général Bykov, sans conteste l'un de vos personnages principaux.

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— Peut-être même « le » personnage clé…

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— Il est particulièrement cynique, non ?

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— Cynique ? Non, du moins je ne le crois pas, parce qu’il y a une certaine innocence chez Bykov. Innocence, pas au sens de « naïveté », évidemment, le général du GRU est tout sauf naïf. Mais, comme je l'ai déjà dit, il se voit vraiment comme un excellent mari, nonobstant ses infidélités. Et dans sa vie professionnelle, son patriotisme est quasi romantique et fort apolitique. Il invoque d'ailleurs quelque part l'éternelle Russie, ce qui est assez révélateur dans la bouche d'un général soviétique, d'ailleurs Manfred le relève immédiatement.

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— Quand votre livre se referme, le lecteur a certes vu le dessous des cartes, mais cette fin laisse en suspens beaucoup de points quant à l'avenir. En particulier concernant Manfred, pour ne pas le citer… Je présume que votre prochain roman apportera un certain nombre de réponses ?

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— Ce n’est pas impossible.

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— Le suspense reste entier ? Rendez-vous pour le sixième tome alors…

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— Chaque chose en son temps !

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— Mais revenons d’abord à votre « Fleuve du Dragon noir » : quand paraîtra-t-il ?

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— Si tout va bien au niveau des contraintes techniques, j’espère qu’il pourra paraître encore cette année…

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— On pourra le mettre sous le sapin  ?

* 6/12/2018 : Paru en e-book et en livre broché ! 

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— Normalement, oui. Merci de votre patience en tout cas. À vous et à tous mes autres fidèles lecteurs, je sais que beaucoup d’entre eux ont fait part de leur impatience ! 

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— Merci à vous, Ed Nouce, et rendez-vous bientôt !

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— C’est moi qui vous remercie.

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La photo du soldat soviétique sur la couverture est une modification de la photo de NichoDesign (original ci-contre), 17 avril 2014, qui fait partie de l'album : « Political Posters of the USSR 70s and 80s », et elle est publiée sous licence Creative Commons Attribution 2.0 Generic License, veuillez vous référer à ce lien pour plus de détails :

http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/

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