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Questions de lecteurs, réponses d'Ed Nouce

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â–¬ Question de Ch., de Lyon 09 :

â–º [...] je viens d'achever la lecture de votre roman les 4 mains de Manfred. J'ai adoré la série, bravo, excellent traitement de l' Histoire depuis la période terrible du nazisme jusqu'à la période précédant la chute du mur de Berlin. Avez-vous prévu un tome N°7 ? [...]

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►►Merci, d'abord, de ces compliments. C'est très gratifiant à entendre, évidemment ! – Mais venons-en à votre question : oui, il y a un septième tome en préparation, qui devrait paraître l'an prochain (2021, donc) et qui constitue la suite de la saga. On y retrouvera les principaux personnages des « Quatre mains », en particulier Manfred, Bykov, Fortinbras et... Lirane. J'aurais d'ailleurs pu ou dû commencer par elle ; car, je vous donne ce scoop : elle y tiendra un rôle très important...

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â–¬ Question de Félicien X., Angoulême :

â–º Dans “L’affaire 88”, il y a une scène sur un banc avec Manfred et Lirane, un baiser dont Wilhelm est témoin et qui le rend furieux contre son père. Mais ensuite dans le roman, et même plus tard dans aucun des livres après, on n'a jamais l'explication. Est-ce qu’il y a vraiment eu un truc entre eux ? Ou alors, c'était du bluff dans un contexte d'espionnage ?

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►►Merci de cette question (vous êtes d'ailleurs la seconde personne à m'interroger sur le sujet : en 2019, une lectrice m’avait posé une question similaire, qui n'a pas été publiée. Je reprends donc ici, à peu de chose près, la réponse que je lui avais faite alors.)

Le baiser échangé sur un banc de la place Chamisso, à Berlin-Ouest, dans « L’Affaire 88 » !

Je présume que vous avez lu également le rappel de cette scène dans « Les quatre mains de Manfred », par Wilhelm, encore lui, qui remarque : « quand nous avons appris que leur présence était liée à une affaire d’espionnage, j’ai préféré penser que la scène du banc était du chiqué et entrait justement dans ce scénario ». C’est à peu près tout ce que nous savons de cette scène du banc, en effet. Jusqu’ici, on peut en penser ce qu’on veut, et donc s’interroger et échafauder de nombreux scénarios. Comme Wilhelm, supposer (dans son cas, c’est même « espérer ») que c’était de la comédie ; mais si c’était sincère ou au moins spontané, de la part des deux, ou seulement d’un des deux ? Auraient-ils une attirance l’un pour l’autre ? De la part de Manfred, qui adule sa femme morte, est-ce imaginable ? Ou aurait-il, lui, « fait semblant » (nous savons que c’est un menteur professionnel) et non Lirane ? Mais de la part de Lirane, un tel geste reste a priori étonnant, d’autant que Manfred est le père (adoptif, mais adoré) de Markus, et tout de même un ex-colonel de l’Abwehr, et que toute la famille de Lirane a été exterminée à Auschwitz… Cependant, nous savons que Manfred possède un magnétisme certain… Personne n’est à l’abri de ce type d’élan ?

Nous savons qu’il y a quelqu'un d'autre (en plus de Wilhelm) qui a été ulcéré de la possibilité d’une relation intime entre Manfred et Lirane, à Berlin-Ouest. C’est Smoke-Finch ! Qui, lui, n’a pas été témoin de la scène du banc, mais Lirane elle-même lui a avoué qu’elle travaillait pour le Mossad et qu’elle avait pour mission « de gagner la confiance de Manfred ». Certes, la fouille en règle de l’appartement de la place Chamisso n’a pas révélé de signes que Lirane y serait restée (aucun vêtement féminin ni autre objets de ce genre), néanmoins Smoke-Finch est assailli de doutes et de questions et manifeste d’ailleurs, à partir de ce moment (au moins dans « 88 ») une forte animosité vis-à-vis de Lirane, et même une réelle dureté peu habituelle chez le personnage.

(Remarquons aussi que sur Lirane elle-même, sur ce qu'elle pense et sur ce qu'elle ressent, nous ne savons à nouveau pas grand-chose de première main tout au long de la saga. Sauf lorsqu'elle s'exprime enfin à la première personne dans « Les quatre mains », mais cela ne concerne pas Manfred, mais, disons, les enfants, et son couple avec Markus...)

Pour revenir à « 88 », nous savons que Lirane y travaillait pour le Mossad, ce qui pourrait conforter l’hypothèse de Wilhelm : la scène du banc est à remettre dans ce contexte d’espionnage. Mais pour nous embrouiller encore, Lirane paraît réellement inquiète pour Manfred, dans « 88 ». Est-ce qu’elle se sent coupable d’avoir joué un rôle trouble et de ne pas avoir donné l’alerte assez vite ? Ou aurait-elle tout de même aussi « un sentiment » pour le sombre Rhénan ? Nous n’apprenons rien de plus dans les « Quatre mains », sauf qu’elle semblait d’abord fort réticente à l’idée de déménager au « chalet » et d’habiter la même maison que Manfred. Elle finit par accepter, mais l’aurait-elle fait si Manfred n’était pas muré dans la non-communication ? Nouvelle énigme…

Donc à ce stade = à la fin du sixième roman, le mystère demeure, vous avez parfaitement raison !

Il n’est pas impossible du tout que le voile se soulève dans le septième… « Les quatre mains de Manfred » est un opus très intimiste, qui se concentre sur la sphère privée, mais Bykov nous rappelle tout de même à la fin du livre la surveillance constante dont font toujours l’objet Manfred Kuhn et ses proches. (Voyez à ce propos la question de « Louise et Adam  », ci-dessous.) Cela appelle une suite… Et l’affaire du baiser pourrait s’éclairer dans cette suite, justement !

Affaire à suivre, donc !

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â–¬ Question de Louise et Adam, La Roche-sur-Yon :

â–ºDans les 4 mains, pourquoi le général Bykov fait-il espionner Manfred ? Il veut savoir s’il fait semblant ou s'il est vraiment devenu muet et “bizarre” ? Mais qu'est-ce que ça peut lui faire, au fond ? (on adore ce perso du général Bykov, il est génial !)

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►►Merci de votre compliment 😉 de la part de Bykov, je pense que son ego légèrement surdimensionné en serait ravi ! Quant à votre question, elle est pertinente. Pour ce qui est de l'espion de l'intérieur, je ne vous dévoilerai pas son nom, il faudra attendre la suite de la saga… Pour les micros et le principe de la surveillance, ils parachèvent l'opération d'intox que Bykov et le GRU ont menée dans « 88 » et dans « Le Fleuve du Dragon noir » : vis-à-vis des services secrets occidentaux, le GRU tient toujours à montrer qu’il surveille Manfred Kuhn au cas où il serait contacté par 88. Ne l’oublions pas, les Soviétiques prétendent qu'ils traquent 88, supposé les avoir trahis (alors que nous savons que c'est de l’intoxication et que 88 n’a en réalité jamais cessé de travailler pour les Russes). Mais comme Bykov le dit lui-même, il en profite sur un plan personnel aussi, pour surveiller le petit Fortinbras… Quant à dire pourquoi Bykov tiendrait tellement à déterminer si Manfred Kuhn est réellement aphasique et dans un monde à part, il faut prendre en compte une motivation plus psychologique, voire sentimentale, à côté des sombres machinations du pro du renseignement : nous savons que notre général soviétique se sent responsable de l'état dans lequel se trouve le Rhénan, et qu'il éprouve pour cet ennemi objectif une sorte d'admiration virile qui frise l'amitié…

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Question de Théo C. (Asnières-sur-Seine) :

â–º Est-ce que vos personnages sont inspirés par des gens qui ont réellement existé ? Ils sont si vivants et réalistes !

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►► Non, mes héros sont de pures fictions et ne prennent pas pour modèles des personnes réelles, ni aucune histoire personnelle ou familiale, je suis catégorique. Mes romans ne sont en aucun cas le reflet de réalités qui seraient ensuite romancées par mes soins. C’est vraiment de l’imagination, on chercherait en vain une inspiration qui viendrait de ma propre vie ou de l’histoire de ma famille ou de connaissances. Ainsi je le précise, car on m’a déjà posé la question : mon père n’était pas allemand (il était belge), ni vigneron, ma mère n’était pas enseignante, aucun viol ou meurtre ou autres drames dans mon histoire personnelle. Tout est inventé, même si bien sûr des décors et des détails sont évidemment empruntés au réel.

— Nous ne parlons pas ici des personnages historiques qui peuvent intervenir dans les romans, surtout dans le premier qui est un roman historique. Là, je suppose que c’est assez clair. L’amiral Canaris, par exemple, est un personnage historique. Naturellement, ses interactions avec Manfred Kuhn, qui, lui, est une créature de mes romans, sont des inventions, mais qui cherchent à respecter ce qui aurait pu être, étant donné ce que nous savons de l’amiral. Autre exemple : dans « Les quatre mains de Manfred » (qui n’est pas un roman historique ; appelons-le plutôt roman historiquement situé) l’ambassadeur d’URSS à Londres, Lunkov, est lui aussi un personnage historique, moins célèbre, certes. Ses dialogues et interactions avec mes héros de fiction sont à nouveau fictifs, bien sûr, en prenant soin de respecter la vraisemblance psychologique et historique. —

Mais Manfred, Hélène, leurs enfants ; Smoke-Finch, Bykov, Lirane, Ute et tous mes autres personnages sont nés et vivent dans mes romans, c’est leur seule existence, et surtout d’ailleurs par la grâce de votre lecture, cher lecteur, à vous à mes autres distingués lecteurs et précieuses lectrices !

Remarque particulière concernant Bykov : c'est un nom russe très répandu, donc il y a, ou il y a eu, nécessairement, des officiers russes portant le même nom, mais je ne me suis absolument pas inspirée de l’un d’eux. Le patronyme « Kuhn » est relativement fréquent aussi : je pense en particulier à Thomas Kuhn, le célèbre philosophe des sciences, rien à voir avec mon héros, évidemment, sauf l'homonymie...

Comme j’aime les éléments historiques, il m’arrive d’introduire des détails historiques, ou plus exactement très fortement inspirés par des faits réels et historiques ; et dans le cas où cela pourrait passer inaperçu, je le mentionne toujours clairement, je crois, en note : comme c’est le cas par exemple avec un épisode de la vie du grand pianiste Sviatoslav Richter dans « Les quatre mains de Manfred » ou comme c’est le cas dans « L’ennemi qui m’aimait », où un fait d’armes de ma créature Manfred Kuhn s’inspire d’un fait d’armes héroïque réel accompli par le lieutenant Hanke près d’Avesnes en mai 1941, acte de bravoure pour lequel Rommel le recommanda pour la croix de chevalier de la croix de fer ; comme, dans le roman, Rommel est censé recommander Kuhn pour la même décoration. Mais à part ce détail, le lieutenant Hanke n’a en rien d’autre inspiré mon personnage de Manfred Kuhn.

Il y a pourtant bien une exception, comme à toute règle ! et des personnages inspirés d'êtres peuplant ma propre vie, je peux vous dévoiler ce scoop ☺ : il s'agit de Roc, Fidélio, Péliou et Gymtonique, les  schnauzers de mes romans...

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Merci de votre question, en tout cas, cela m’a permis de donner ces précisions et de faire cette mise au point, un peu longue, c’est vrai ! Donc, je résume : MES personnages sont de pures fictions et ce qui leur arrive est imaginaire également ! J’essaie d’être le plus réaliste et vraisemblable possible, mais il n’y a rien d’autobiographique ni de l’ordre du témoignage dans mes romans.

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Question de Claire D. (Toulouse) :

â–º Dans votre entretien de juin [2019], vous dites que « Les quatre mains de Manfred » est le seul de vos livres qui comporte le nom d’un des personnages principaux, en l’occurrence donc : Manfred.

Mais « Coucou », c’est le surnom de Markus, non ?

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►► Oui, vous avez tout à fait raison ! « Coucou », c’est Markus. On pourrait ajouter que « Le Chêne rose », c’est Smoke-Finch, d’ailleurs. Je me suis mal exprimée et expliquée dans l’entretien. Je voulais dire que jusqu’ici, seul Manfred a l’honneur d’avoir simplement son prénom tel quel (non pas un surnom, un sobriquet, ou une circonlocution poétique) dans le titre. Et le livre est du reste bien moins centré sur Manfred que « Coucou » ne l’était sur Markus (qui s’y exprime d’ailleurs tout du long à la première personne) ou même que « Le Chêne rose » n’était centré sur Smoke-Finch. Ce n’est pas « Manfred » tout court, c’est « Les quatre mains de Manfred ». Un titre, c’est toujours un choix difficile pour l’auteur. Et aussi, pour moi, une sorte de programme. Je trouve le plus souvent le titre tout au début du projet de roman…

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Question de Gary F. d'Amiens :

â–º Dans « 88 » (dans la deuxième partie, au chapitre « Flash-back »), Wilhelm joue pour « Sydney Lakpo », c’est Sydney Pollack en verlan, et pour « Rainer Werner Bindfasser », c’est Rainer Werner Fassbinder, non ?

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►► Eh bien, vous êtes perspicace et cinéphile ! Je ne nierai pas que j’ai  fortement songé à ces deux grands réalisateurs, vous avez tout à fait raison. Fassbinder est un peu tombé dans l’oubli aujourd’hui, pourtant, certains de ses films sont des chefs-d’œuvre qui n’ont pas pris une ride. Personnellement, je pense au « Mariage de Maria Braun » en particulier.

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Question de Kevin O. (Paris 5e) :

â–ºPlusieurs de vos personnages sont des militaires : colonel Kuhn, colonel Smoke-Finch, lieutenant-colonel Bykov…  Est-ce que vous avez un lien personnel avec l’armée ? Votre mari, votre père, votre fils, est peut-être militaire de carrière ? Ou vous avez une fascination pour l’uniforme ?

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►► Eh bien, c’est vrai que plusieurs de mes héros sont des officiers supérieurs, c'est exact ! Je suis tête en l’air, car je n’y avais même pas réfléchi ! – Je n’ai pourtant aucun lien personnel avec l’armée, en tout cas absolument pas proche ; ni moi, ni mon père, ni mon mari, pas de grand-père, oncle, frère, sœur ou enfant dans l’armée ! Juste un neveu, un arrière-grand-oncle que je n’ai absolument pas connu, et une petite-cousine (cette dernière dans la marine ! – Soit dit en passant, quelle magnifique vocation (la marine) désormais possible pour une jeune femme !) Je ne crois vraiment pas avoir une fascination pour l’uniforme (d’ailleurs mes personnages militaires apparaissent le plus souvent en civil – et sont vite retraités, en tout cas pour ce qui est de Manfred Kuhn et d’Horace Smoke-Finch – dans les romans). Je pense que l’explication est plus simple, ou, plus précisément, qu'elle est à chercher dans la logique interne des récits : tout vient sans doute du roman fondateur de la saga. « L’ennemi qui m’aimait » se déroule durant la Seconde guerre mondiale et dès lors que le personnage principal devait être un Allemand occupant la Belgique, il ne pouvait pratiquement s’agir que d’un militaire. Et à partir du moment où ce Manfred Kuhn est colonel de l’Abwehr, il était presque naturel que son pendant britannique soit aussi un officier supérieur œuvrant dans le renseignement militaire… Quant à Bykov, c’est exactement la même logique qui le fait apparaître dans « 88 ». – Cela dit, après tout, peut-être aurais-je tout de même une fascination plus ou moins refoulée pour les beaux officiers ? Car ces trois hommes sont beaux… – Voilà que vous me faites me poser cette question ! – Plus sérieusement, je me demande si mon intérêt (voire mon admiration) pour le personnage historique de l’amiral Wilhelm Canaris ne m’a pas inspirée pour créer un héros qui, certes, ressemble peu à l’amiral, physiquement, ou par le caractère, mais qui soit sous les ordres du « petit amiral » et donc officier de l’Abwehr…

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Question de Johan R. de Dunkerque :

â–ºC'est chouette la galerie de photos pour illustrer les romans.

Est-ce qu'il va y en avoir une sur « L’Affaire 88 » aussi ?

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►►Eh bien, ça demande pas mal de travail, et c'est le temps qui manque toujours, mais je crois que je peux vous annoncer que je vais bientôt en créer une sur « 88 », et aussi une autre sur mon nouveau roman, « Le Fleuve du Dragon noir », dès que celui-ci sera paru ! Promis ! [ Janvier 2019 : c'est désormais choses faites : ces deux nouvelles galeries ont été créées.]

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Question d’Amandine de Dijon :

â–ºPourquoi avoir choisi de parler de la place Chamisso à Berlin ? Est-ce que vous aimez particulièrement cet écrivain ? Ou bien cette place ?

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►►Je voulais choisir un lieu de résidence pas trop connu, je veux dire : pas une rue ou une place berlinoise trop célèbre ; et il me fallait aussi, pour les besoins de l'histoire, que cela se situe dans l'ancien Berlin-Ouest, dans le secteur britannique ou dans le secteur américain, et pas trop loin du Mur, ni du Tiergarten. J'ai cherché un lieu proche de la rue Bergmann, et je suis tombée sur la Chamisso Platz, dont le nom m'a tout de suite fait « tilt » ! Je connaissais Adalbert von Chamisso par l'intermédiaire de Robert Schumann, (le musicien, donc, pas le père de l'Europe) qui a composé de célèbres lieder sur des poèmes de Chamisso (Le cycle « L'amour et la vie d'une femme », pour ne pas les citer !), et de fil en aiguille, je me souvenais aussi que cet émigré français (son vrai nom est de Chamisso de Boncourt) écrivant en allemand, était l'auteur du roman fantastique « L'étrange histoire de Peter Schlemihl ou l’homme qui a vendu son ombre » – ça ne s'oublie pas ! Le nom de « Chamisso », aisé à retenir, à entendre et à prononcer pour des lecteurs francophones, me semblait parfait, et la place en question, avec son petit square arboré au centre et ses beaux immeubles néoclassiques qui avaient survécu à la guerre, c'était juste ce que je cherchais ! – Tiens, ce même Chamisso était aussi un grand botaniste, ce que je viens de découvrir très récemment, je l'avoue ! Si ça vous intéresse, allez voir ceci (cliquez) sur News Jardin TV , c'est assez fascinant !

Chamisso : Voir aussi dans la galerie de photos sur « 88 » en cliquant ici.

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Question de Claire P. (Paris XVIe) :

â–ºPourquoi avoir mis une photo du château de Leeds sur le site, à la page consacrée au "Chêne rose" ? Y a-t-il un rapport direct ?

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►►Oui : le château (fictif) de mon héros, "Finchstone Castle", est, je l'avoue, inspiré de celui de Leeds... Architecture, ancienneté, douves, volières, labyrinthe... Ce n'est bien sûr qu'une inspiration, la chapelle modernisée au goût d'Horace est, entre autres, une pure invention.

 

Remarque de Pascal (Lille)

â–ºJ’ai quelques problèmes face à votre personnage de Manfred Kuhn. Vous écrivez que vous appréciez les personnages ambigus, et c’est vrai qu’il l’est. Prétendument antinazi, mais surtout parce qu’il est membre de l’Abwehr , on voit que même après que son chef, Canaris, a été exécuté, Kuhn refuse de témoigner contre les nazis. D’autre part, on voit aussi qu’il n’hésite pas à assassiner de sang-froid un résistant, le docteur Laréneg, prisonnier et désarmé, dans son bureau… Je sais, ce n’est pas vraiment une question.

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►►Mais si, vous avez raison, c’est une grande question, au contraire ! Et c’est au lecteur de se forger sa propre opinion, au fil des livres, car chaque volume jusqu’ici continue de creuser peu ou prou dans ce sens. Je dirais simplement qu’Hélène elle-même demeure taraudée par le destin du docteur Laréneg, d’autant plus qu’elle ignore la vérité, même si elle la suspecte. Beaucoup de questions se posent, et restent sans doute ouvertes, au moins en partie. La fin peut-elle justifier les moyens (dans le cas de l’assassinat de Laréneg), jusqu’où va la loyauté envers son pays, y compris en temps de guerre, et si les dirigeants dudit pays sont des criminels contre l’humanité ? Manfred est ambigu, c’est vrai. Il refuse de témoigner contre quiconque, il obéit aux ordres, mais dans certaines occasions, il n’hésite pas aussi à y désobéir (pendant l’opération Bagration, le colonel Kuhn s’oppose à des exactions). Sur l’aide qu’on sait qu’il a apportée à des Juifs, il prétendra par exemple qu’il ne faisait « qu’obéir aux ordres » de Canaris, comme s’il ne voulait pas se reconnaître la moindre intention moralement bonne. Mais c’est un menteur, il est donc très ardu de savoir ce qu’il en est réellement. Le cas du malheureux docteur Laréneg est particulièrement critique pour moi : Manfred l’abat sans nécessité « militaire ». Il veut surtout protéger Hélène, et se protéger lui-même, des révélations que le résistant risquait de faire auprès de la Gestapo. Est-ce que le fait que Laréneg aurait sûrement fini sous la torture ou dans un camp (comme cela traverse l’esprit de notre colonel Kuhn au moment où il décide de l’exécuter), dans d’atroces souffrances peut ou non atténuer la gravité de cet acte ? – Et ce ne sont, en effet, que quelques questions parmi bien d’autres.

Et vous verrez, dans « L’Affaire 88 », ce genre d’interrogations continuera à se poser…

 

Question d'Alban C. (Arras)

â–º« Le Chêne rose », pourquoi ce titre ? Chêne, je vois plus ou moins, il s'agit sans doute de Smoke-Finch, comparé à un grand chêne dans le roman, et il y a également de grands chênes dans sa propriété. Mais pourquoi « rose » ?

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►►Vous avez bien lu : « Le Chêne rose », c'est évidemment Horace Smoke-Finch, le héros du roman. Comparé à un grand chêne, vous avez raison, et vous aurez peut-être noté que le chêne se trouve aussi sur le blason de sa famille (avec des chardonnerets, vu que Finch signifie chardonneret). Rose, ce pourrait être une allusion à son homosexualité.

Il dit lui-même que son sang bleu serait plutôt violet ou rose, si vous vous souvenez ! De nos jours, l'arc-en-ciel est la couleur symbole de l'homosexualité, mais c'est relativement récent. Dans les années soixante où se déroule le roman, ce symbole n'existait pas encore. Plusieurs couleurs ont pu servir historiquement pour désigner les homos, je pense à l'oeillet vert d'Oscar Wilde, au violet pour les gays de Boston, au jaune en Australie, etc.  Hélas,  il y eut surtout le triangle rose des nazis, de sinistre mémoire... Ce triangle rose, par la suite, la communauté gay se l'est approprié... Mettons que « Le Chêne rose » serait dans mon esprit comme un raccourci de ce personnage tout en contraste, ce n'est alors pas seulement, pas même d'abord, une allusion à son homosexualité, mais plutôt à son anticonformisme, à son originalité... Un chêne rose, c'est en tout cas peu commun, on l'avouera !

 

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Question de Madame H. (Bruxelles)

â–ºL'avenue de l'Eau Blanche, où se situe la maison de Madame Goffin, où habite Hélène le Vaneau au début de "L'Ennemi qui m'aimait", ne se trouve sur aucun plan de Bruxelles. Mais elle semble à l'emplacement exact de l'avenue de l'Opale, ou je me trompe ?

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►►Tout juste ! Eau Blanche est en quelque sorte le pseudonyme d'Opale, j'aurais pu écrire avenue de l'Eau pâle, mais cela n'avait guère de sens, tandis que l'Eau Blanche a au moins deux significations, comme on le lit dans le roman.

Dans le même ordre d'idée, Rossberg-sur-Ahr est un nom inventé, mais ceux qui connaissent la vallée de l'Ahr auront sans doute repéré sa grande ressemblance avec Altenahr qui, disons, m'a fortement inspirée.

 

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Question de Michel L. (Toulon) et de Thérèse H. (Liège) 

â–º« L’ennemi qui m’aimait » : comment avez-vous choisi ce titre ?

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►►Mon roman devait s’intituler La vie nous revient de l’aurore, qui est un vers extrait d’un poème de l’héroïne, Hélène le Vaneau.

On m’a fait remarquer, avec quelque raison, je pense, que c’était peut-être joli, mais que cela n’annonçait pas du tout le sujet du livre.

Je l’ai alors rebaptisé « L’ennemi qui m’aimait ».

Clin d’œil à James Bond et à « L’espion qui m’aimait », bien sûr.

En outre et plus sérieusement, l’antinomie des deux mots me plaît assez. Elle n’est évidemment possible que parce que chacun appartient à un autre registre. L’ennemi en question l’est sur le plan politique, et son amour est d’ordre privé.

Sauf qu’on ne peut compartimenter la vie comme on analyse le langage… Ce qui continuera de hanter mes personnages principaux, même après la guerre.

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N'hésitez-pas à poser vos propres questions,

à la page contact. Elles pourront être publiées ici.

(Je m'excuse à nouveau auprès de plusieurs lecteurs qui ont posé des questions fort intéressantes également, auxquelles j'ai été heureuse de répondre, mais que je ne peux pas afficher ici, parce que ce serait susceptible de gâcher certains éléments de suspense pour ceux qui n'ont pas encore lu les romans sur lesquels elles portent...)

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